La mission Parker Solar Probe

Lancée le 12 août 2018, la mission américaine Parker Solar Probe est devenu le premier engin spatial à littéralement pénétrer dans une atmosphère stellaire, celle de notre Soleil. Au cours de sa mission principale qui durera au moins 6 ans, ce satellite de la NASA va progressivement s’approcher du Soleil. Dès 2024 il frôlera la surface à une distance inférieure à 9 rayons solaires, soit 6,2 millions de km.

La mission porte le nom de Eugene Parker (1927-2022), un astrophysicien qui a joué un rôle majeur dans la théorie du vent solaire.

Les objectifs scientifiques et les instruments

Parker Solar Probe a pour objectif de répondre à deux des grandes questions ouvertes de la science contemporaine : pourquoi l’atmosphère des étoiles (appelée couronne) est-elle tellement plus chaude que la surface de l’étoile ? Pour le Soleil, la couronne dépasse 106 °C alors que la surface de l’astre est à moins de 6000 °C. La seconde question porte sur les sources du vent solaire, ce flux de plasma qui s’échappe en permanence du Soleil, malgré l’énorme force d’attraction gravitationnelle qui devrait le retenir (cf. objectifs scientifiques).

Pour répondre à ces objectifs, Parker Solar Probe effectuera principalement des mesures in situ, faisant un diagnostic complet du milieu ionisé que traverse le satellite. Même si aujourd’hui nous savons beaucoup sur le Soleil grâce aux observations faites par divers télescopes, seule une mesure sur place, à l’intérieur même de la couronne solaire, permet de mieux comprendre la grande complexité des mécanismes physiques qui y agissent.

Le satellite est équipé de quatre suites instrumentales qui mesurent chacune des propriétés spécifiques :

  • FIELDS mesure les champs électrique et magnétique, de la composante continue jusqu’aux fluctuations rapides dont la fréquence dépasse 1 MHz ;
  • SWEAP mesure les caractéristiques des ions et des électrons, et en particulier leur distribution en fonction de leur vitesse ;
  • IS⊙IS se concentre sur les ions de très haute énergie, dont la vitesse avoisine celle de la lumière ;
  • WISPR est la seule camera à bord du satellite et observe la couronne solaire.

Les quatre suites instrumentales de la mission sont sous la responsabilité de scientifiques des USA. Cependant, plusieurs laboratoires français y ont aussi contribué, avec le soutien du CNES. Aujourd’hui, c’est toute une large communauté internationale qui travaille sur les données de cette mission et qui offre de nombreuses synergies avec la mission Solar Orbiter, lancée, elle, en 2020 et gérée par l’Agence Spatiale Européenne.

Représentation de Parker Solar Probe avec certains de ses instruments. Le Soleil se trouve à gauche. Crédit image : APL

Représentation de l’intégralité de l’orbite de Parker Solar Probe, de 2018 à 2025. Les proportions des orbites sont fidèles à la réalité ; en revanche, la taille des planètes et du Soleil ne l’est pas. Image d’après Horizons System.

L’orbite de la mission

Pour s’approcher de si près du Soleil, le satellite utilisera à sept reprises l’assistance gravitationnelle de Vénus. Ces accélérations successives porteront sa vitesse progressivement à plus de 690 000 km/h. L’engin sera alors l’objet le plus rapide jamais réalisé. Son orbite héliocentrique est elliptique ; tous les 3-4 mois, il vient frôler le Soleil pendant une dizaine de jours pour ensuite s’éloigner du Soleil et se rapprocher de l’orbite terrestre.

Quand Parker Solar Probe est au plus près du Soleil, le rayonnement solaire incident est 477 fois plus intense qu’au niveau de la Terre. Jamais encore un satellite n’a pénétré dans un milieu aux conditions si extrêmes. Si le concept de mission vers le Soleil date de plus de 50 ans, en revanche il a fallu attendre 2010 et les derniers développements technologiques pour parvenir à trouver des matériaux capables de résister à une telle fournaise. La plupart des instruments sont abrités derrière un bouclier thermique fait de matériaux composites, qui protège le satellite du rayonnement solaire. La température de ce bouclier peut atteindre plus de 1300 °C. En revanche, à l’ombre du bouclier la température descend en dessous de 0 °C si bien que certains instruments doivent être chauffés pour fonctionner correctement. Ceci n’est pas le moindre des paradoxes d’une mission qui est un véritable exploit technologique et dont les équipes ont déjà reçu plusieurs récompenses.

Distance minimale au Soleil pour chacune des 24 orbites autour du Soleil

Passage au SoleilDate du plus proche passage au SoleilDistance minimale au Soleil
(rayons solaires)
lancement12 Août 2018 
15 Novembre 201835.6
24 Avril 201935.6
31 Septembre 201927.8
429 Janvier 202027.8
57 Juin 202027.8
627 Septembre 202020.3
717 Janvier 202120.3
829 Avril 202116.0
99 Août 202116.0
1021 Novembre 202113.3
1125 Février 202213.3
121 Juin 202213.3
136 Septembre 202213.3
1411 Décembre 202213.3
1517 Mars 202313.3
1622 Juin 202313.3
1727 Septembre 202311.4
1829 Décembre 202311.4
1930 Mars 202411.4
2030 Juin 202411.4
2130 Septembre 202411.4
2224 Décembre 20249.85
2322 Mars 20259.85
2419 Juin 20259.85

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